Guillaume Ducateau : la marqueterie de paille, de l’artisanat à l’art !

Avec patience et pugnacité, il sublime ce résidu de la production céréalière en œuvre d’art. Pour ce petit parisien qui a apprivoisé la Beauce et les bords de Loire, cette passion pour la marqueterie de paille est plus qu’un présage, c’est un destin !

Pourtant, il ressemble à un hipster égaré du 11e arrondissement de Paris. Il en a tous les attributs, la barbe qui dévore le bas de son visage, les lunettes de soleil et ce demi-sourire narquois. Artiste, indéniablement, sa bande-son est le Reggae et l’électro. Son univers artistique est nourri par « la pop culture » : de Goldorak à Space Invaders. De plus, il est terriblement attentif à la jeune création et s’entoure d’œuvres qui mélangent des techniques et approches iconoclastes.

Pourtant c’est l’ainé d’une famille d’urbain, qui n’était certainement pas destiné au « retour à la terre ».
« Le bac en poche, je fréquentais les bureaux des conseillers d’orientation, tandis que mes camarades intégraient les universités et écoles. J’étais seul face à mon avenir et aux contradictions, entre “les désirs de mon père” et mon incapacité à exprimer mon propre désir. Pourtant, mon oncle m’a préparé l’ensemble des documents nécessaires pour faire ma demande d’admission dans l’armée de l’air. Mais je n’ai jamais transmis le dossier. C’est mon plus grand regret. Je craignais tellement de décevoir que je n’aie pas pu faire la démarche même de m’inscrire ! »
Son père était le directeur de recherche et développement de Thales et a notamment travaillé sur l’A380 ; sans pourtant jamais le voir voler, puisqu’il est mort en 2005.  Son oncle était pilote de chasse et il a fini sa carrière comme général des armées.  Construit à l’ombre de ces deux figures tutélaires et le soutien indéfectible d’une mère institutrice, le jeune Guillaume a longtemps nourri le rêve d’être « pilote de chasse » ; alimenté par le mythe TopGun.

Pourtant après son arrivée au collège Notre-Dame à Chartres et l’entrée au lycée, les choses se gâtent. À l’adolescence, la confrontation avec l’autorité modifie son mode de communication. L’école étant un lieu de retrouvaille avec les copains : l’insolence devient alors une grande part de son tempérament.

Puis son père décide de ralentir et la famille s’installe à Vendôme. Il est séparé de ses copains, de sa petite-amie (qui deviendra la mère de ses 2 enfants) et passe de la provocation à la révolte.
Révolté contre les choix imposés dans ses études, son éloignement de Chartres, de ses amis et l’autorité d’un père qu’il ne comprend pas. Il garde toutefois de cette période le sentiment d’une réussite indirecte. Grace à sa révolte, sa sœur obtient le droit de faire le choix de son orientation scolaire.

Opportunément, sa réussite au baccalauréat le libère enfin de cette confrontation familiale.

Malheureusement, son père décède à l’âge de 45 ans, laissant deux enfants à peine adultes et un jeune fils de 9 ans. À partir de ce moment, sa mère devient le pilier de la famille et veille sur les uns et les autres.

Trop jeune pour se pardonner de ne pas avoir pu communiquer avec ce père aimant et pourtant distant, il ne peut vivre son deuil sereinement. Ainsi, il finit par se déconnecter de la réalité au profit de voyages artificiels, tel un Peter Pan surpuissant.
« J’avais besoin de me relier au réel ; de faire quelque chose de mon temps, de mon énergie et de ma vie.  J’ai commencé par transformer des bois qui devaient finir à l’incinération en meubles. J’ai travaillé des centaines d’heures sur des projets, mais j’ai dû admettre que la fragilité de ce matériau ne me permettrait pas de créer des objets qui ne résistait pas au temps, ça ne me suffisait pas ! »
Après un Master en gestion de patrimoine obtenu en candidat libre, il travaille quelques années pour des cabinets en gestion de patrimoine ou des agences immobilière et ayant le sentiment de pas être à sa place.

Finalement, il achète avec sa compagne une grange et la restaure en grand partie seul tout comme ses parents l’avaient fait 20 ans avant lui et se prouver qu’il en était capable. Installé non loin de Sainte-Maure. De la Beauce à la Touraine, mais sans trop s’éloigner de la « Paille de seigle ».

Pourtant, un soir, après un différend avec son employeur et alors que son premier-né n’a que quelques mois, il décide que cette vie ne lui convient plus.

À plus de trente ans, le besoin de sens, d’ancrage dans le réel et de retour à la matière brute devient une évidence pour lui. L’arrivée de son deuxième enfant renforce son besoin de s’accepter et fini par faire le point sur ses difficultés. Un diagnostic de neuroatypie est posé, un mot qui éclaire son parcours et même ses dispositions artistiques !
« Elle m’a appris, m’a donné confiance en moi, m’a permis de m’assurer dans ma discipline et de forger ma propre exigence professionnelle et artistique. J’ignorais si j’allais être à l’aise avec la gestion du matériel ; la patience, le côté répétitif et nécessairement concentré… Je lui ai fait part de mes souhaits de faire une interprétation contemporaine de la discipline et de mes doutes aussi. Mais je me suis senti à ma place et j’ai compris que je mon orientation vers l’art était nécessairement due à cette rencontre avec une personne généreuse, une matière exigeante et une technique rigoureuse. »
En 2018, il découvre la marqueterie de paille. Il se forme, creuse la question et imagine des tableaux. Dès lors, Il entreprend une formation de 2 jours avec une artisane à laquelle il doit son savoir-faire initial, le reste il l’acquière après des milliers d’heures de pratique acharnée.

Etrange, cette alchimie entre ce matériau à la fois fragile et viable, brut et délicat… Une dualité qui lui correspond parfaitement mais qui correspond parfaitement à son père, son « papaie ». Des mots d’enfant qui esquisse parfois un destin !
« J’ai commencé à produire mes œuvres et en ai donné de nombreuses, fier de partager avec mes proches et mes amis. L’un de mes premiers clients est également un ami d’enfance. Pour lui, j’ai réalisé un de mes premiers tableaux de la série “QR code”, puis “Une main de fatma”. »
Dans l’atelier de Guillaume Ducateau, sont rangés avec amour des dizaines d’œuvres prêtes à rencontrer vos regards et à vous surprendre !
Dans l’atelier de Guillaume Ducateau, sont rangés avec amour des dizaines d’œuvres prêtes à rencontrer vos regards et à vous surprendre !